Quels sont les ingrédients qui permettent d’atteindre l’excellence ?
Y a-t-il une recette pour des résultats exceptionnels non pas dans un moment isolé, mais dans la durée et de manière systématique ?
Reléguer la réponse à ces questions juste à une opinion, même si d’un expert, limite son impact et son périmètre d’application. Tout est différent quand la réponse est la conséquence d’une étude détaillée qui a pris en considération les 500 plus grandes entreprises aux États Unis, sur une période de plus de 30 ans.
Ce que je trouve génial : ces concepts, même si étudiés sur et pour des entreprises, s’appliquent tout aussi bien à niveau individuel.
Peut-être une question encore plus importante : pourquoi chercher l’excellence ? Ne serait-il pas suffisant de se contenter de bons résultats ?
Atteindre l’excellence ne demande pas un travail plus dur. Au contraire, cela peut même être plus simple et satisfaisant. Donc, pourquoi pas ? Mais aussi : la recherche de l’excellence peut donner un sens plus profond à ton travail.
De la performance à l’excellence
Jim Collins est un véritable expert dans la croissance des entreprises. Il a été professeur à l’université de Stanford, consultant, collaborateur des magazines Business tels que Fortune, Business Week et la Harvard Business Review.
Il a écrit plusieurs livres sur l’évolution des entreprises, qui se sont vendus à plusieurs millions d’exemplaires et traduits dans plus de 30 langues.
Parmi ses ouvrages les plus connus, le livre « De la performance à l’excellence » présente le modèle qu’une entreprise ou une organisation doit suivre, peu importe sa taille, pour atteindre des résultats exceptionnels.
Ce modèle est le résultat d’une étude approfondie des entreprises américaines qui, après une longue période de résultats tout à fait dans la moyenne, ont réussi à atteindre des résultats exceptionnels sur une période toute aussi longue : 15 ans.
Ce modèle ne se limite pas à mettre en exergue ce que ces entreprises exceptionnelles ont en commun, mais aussi ce qui les différentie d’autres entreprises, qui dans les mêmes secteurs et dans des conditions de départ tout à fait comparable, n’ont pas réussi leur transformation vers l’excellence.
Le modèle vers l’excellence
Voici le modèle en un coup d’œil :
- Il y a d’abord une phase de préparation, où les bases de l’excellence sont posées, mais qui ne se traduit pas encore dans des résultats visibles de l’extérieur. Cette phase est suivie d’une percée, où les conséquences de l’excellence deviennent rapidement visibles. Cela donne l’impression d’un changement rapide, alors qu’en réalité cela a pris du temps, plusieurs années, pour poser les bonnes bases.
- Cette transformation passe à travers 3 étapes, qui se suivent dans l’ordre, chacune contenant 2 concepts essentiels :
- Des personnes disciplinées, caractérisées par le leadership de niveau 5, et le concept « D’abord qui, ensuite quoi … »
- Une pensée disciplinée, caractérisée par le courage de regarder les faits en face, et par le concept du hérisson.
- Et une action disciplinée, caractérisée par la culture de la discipline et les accélérateurs technologiques.
L’auteur souligne que dans aucun cas la transformation de la performance à l’excellence a été le résultat d’un seul facteur, d’un moment charnier, d’une restructuration. Cela a été la conséquence d’un grand nombre de décisions et d’actions qui ont contribué à faire mettre en mouvement, et puis à faire tourner de plus en plus vite, toujours dans la même direction et avec régularité, un énorme volant.
C’est la totalité de ces décisions et actions, en accord avec les concepts précédents, qui ont ouvert la route vers l’excellence.
Dans cet article, je te propose d’approfondir ces 6 éléments qui portent à l’excellence.
1. Le leadership de niveau 5
Notre culture aime valoriser le mythe des grandes personnalités, charismatiques et visionnaires, qui font la fortune d’une entreprise. Et bien, les résultats montrent que le type de leader qui mène vers l’excellence, a des caractéristiques très différentes.
Il s’agit d’une personne qui réunit un mélange paradoxal d’humilité personnelle, et d’une grande détermination professionnelle. Pourquoi le niveau 5 ? Parce qu’il arrive au-dessus d’une pyramide de leadership, caractérisée :
- Au niveau un, par un individu performant par ses compétences et son talent.
- Au niveau deux, par un coéquipier actif, capable de mettre ses capacités individuelles au service du collectif.
- Au niveau 3, par un manager compétent, qui sait organiser personnes et ressources pour atteindre l’objectif fixé.
- Et au niveau 4, un dirigeant efficace, qui sait stimuler la performance autour d’une vision claire et engageante.
Alors que l’égo et l’intérêt personnel sont souvent des facteurs clés dans le fonctionnement du dirigeant efficace, le leader de niveau 5 fonctionne sur une dualité presque surprenante :
- Du côté personnel, il s’agit de quelqu’un d’humble, discret, réservé. Jamais il ne se donne le mérite des résultats obtenus.
- Mais il serait une erreur de lui attribuer un caractère faible. En effet, du côté professionnel, il a une énorme ambition et détermination. Il est prêt à tout pour le succès et l’excellence de l’organisation.
2. D’abord qui, ensuite quoi …
La transformation vers l’excellence commence par le choix des bonnes personnes, même avant de décider quelle vision ou stratégie suivre.
Ce qui caractérise la bonne personne, avant même ses expériences et ses compétences, ce sont ses valeurs et sa personnalité. Est-elle compatible avec une leadership de niveau 5 ?
Elle est d’accord pour mettre l’intérêt et les objectifs de l’organisation avant ses propres intérêts et objectifs ?
Une équipe de bonne personne est caractérisée par des gens qui n’hésitent pas à se confronter, même de manière vive, à la recherche de la meilleure réponse. Et une fois qu’une décision est prise, tout le monde est déterminé à la suivre, indépendamment de l’opinion ou des intérêts personnels.
Voici l’approche adoptée par les entreprises qui ont atteint l’excellence :
- Ne pas baisser le standard : tant que la bonne personne n’est pas trouvée, on continue à chercher.
- Tout aussi important que choisir les bonnes personnes est de se séparer des mauvaises personnes. Si c’est une question de performance, changer de rôle ou de mission peut être la solution. Mais s’il s’agit d’une question de valeurs, de non-alignement avec un leadership de niveau 5, pour le bien de toute l’organisation (et de la personne concernée d’ailleurs) il vaut mieux ne pas retarder la séparation.
- Il vaut mieux mettre les meilleures personnes sur les meilleures opportunités, plutôt que sur les plus gros problèmes.
3. Regarder les faits en face
Le chemin vers l’excellence commence toujours par regarder la réalité en face, par confronter la réalité des faits. Cela peut être douloureux : il est tentant de ne pas reconnaître ce que l’on n’aimerait pas voir.
Cela dit, c’est une démarche essentielle.
Si on a choisi les bonnes personnes, refuser de regarder la réalité va les démotiver.
Alors que parfois, il suffit de le faire pour que les bonnes décisions deviennent évidentes.
Pour réaliser ce principe, il faut mettre en œuvre 4 pratiques :
- Avancer par des questions, et non pas par des réponses.
- S’engager dans le dialogue et le débat, et non dans la coercition
- Toujours analyser les erreurs commises, mais afin d’en comprendre l’origine, non pas pour punir le coupable.
- Instaurer des signaux d’alarme qui obligent à prendre en compte une information, même quand on aimerait l’ignorer.
Le bon état d’esprit à adopter pour réussir cette étape consiste à maintenir ce qui paraît un paradoxe :
- D’un côté, il faut maintenir une confiance absolue dans la capacité d’atteindre l’excellence, peu importe les difficultés qui se trouvent sur le chemin.
- Et en même temps, il faut accepter de confronter la brutalité des faits, même quand c’est douloureux.
4. Le concept du hérisson
Contrairement au renard, rusé et qui trouve plusieurs approches pour arriver à ses fins, le hérisson ne connaît qu’une seule stratégie pour survivre. Le hérisson ne se pose pas de questions : à chaque fois, il répète le même comportement, qui est à la fois simple et efficace.
Les organisations qui atteignent l’excellence suivent l’exemple du hérisson. Plutôt que se disperser dans multiples directions, elles ont identifié la SEUL CHOSE importante pour réussir, et s’y tiennent sans dévier.
La bonne réponse se trouve à l’intersection de ces 3 cercles :
- Comprendre en quoi il est possible d’être le meilleur au monde, et en quoi cela n’est pas possible. Ce qui compte est la possibilité, et non pas le désir. Il s’agit d’une compréhension, et non pas d’un objectif ou une stratégie.
- Comprendre quel est le facteur qui fait tourner le moteur économique de son organisation, et l’utiliser comme mesure unique pour ses actions et ses décisions. Idéalement, il s’agit de la mesure unitaire la plus importante pour comprendre l’essence de son business model : chiffre d’affaires par employé, profit par produit, cash-flow par client.
- Découvrir quelles sont les choses qui passionnent l’organisation, et choisir volontairement de se limiter à celles-ci.
Le résultat a l’air évident une fois qu’on le connaît. Mais cela nécessite de plusieurs itérations et du temps, avant de le trouver. Cela a pris 4 ans en moyenne pour les entreprises étudiées par l’auteur.
5. La culture de la discipline
Les 4 concepts précédents concernent la mise en place de personnes disciplinées et de pensées disciplinées. Avec ça, nous pouvons identifier la bonne direction pour arriver à l’excellence. Pour transformer l’essai, il ne reste désormais qu’une chose : une action disciplinée.
Dans certaines entreprises, c’est le PDG qui assure le respect de la discipline, par une attitude intransigeante et autoritaire. Malheureusement, cette approche n’assure pas de résultats durables : il suffit d’un changement de personne, ou d’un relâchement du contrôle, pour perdre la discipline.
Une meilleure approche consiste dans la mise en place d’une culture de la discipline au sein de l’organisation. Cela consiste dans l’application constante et sans exception du concept du hérisson. Chaque action réalisée doit viser l’intersection de 3 cercles.
Tout aussi importantes que les actions réalisées, peut-être même plus, ce sont les actions qui ne sont pas réalisées.
Il n’est pas rare, quand on rencontre des opportunités, d’essayer de les saisir plutôt que de les voir s’échapper. Mais tout activité qui se trouve en dehors des 3 cercles risque d’être une distraction.
Et il n’y a pas d’inquiétude à voir : tant que l’on reste focalisé sur une action disciplinée, les opportunités sur le chemin ne vont jamais manquer !
6. Les accélérateurs technologiques
La technologie joue un rôle essentiel dans l’atteinte de l’excellence. Mais il est important de voir les choses de la bonne manière. A chaque fois, la technologie est l’accélérateur, et non pas la cause de l’excellence.
Ce n’est qu’après avoir atteint une clarté absolue sur l’intersection des 3 cercle et sur le concept du hérisson, qu’il est possible de disposer du bon filtre pour évaluer la technologie.
Investir, même de manière très significative, dans des avancées technologiques qui permettent d’exécuter le concept du hérisson de manière plus rapide et efficace, va beaucoup accélérer l’atteinte de l’excellence.
On ne peut pas devenir excellent dans un domaine tant que l’on reste à la traîne sur la technologie nécessaire.
Mais toute technologie que ne contribue pas directement au concept du hérisson, non seulement c’est une distraction, mais cela absorbe des ressources qui seraient beaucoup mieux utilisées autrement.
Comme pour n’importe quelle opportunité, il est important de ne pas se jeter sur des nouvelles technologies avec pour seule raison la peur d’être en retard.
La bonne réaction pour atteindre l’excellence est toujours réfléchie, calme et créative.
Il n’y a pas besoin de se presser.
Les meilleurs résultats s’obtiennent avec une approche progressive : d’abord ramper, puis marcher, et finalement courir !
Le volant de l’excellence
Un dernier élément fondamental pour comprendre la route de la performance à l’excellence, c’est qu’il n’y a jamais un facteur unitaire qui à lui tout seul explique des résultats exceptionnels.
C’est l’adoption d’un grand nombre de décisions et d’actions qui portent à l’excellence.
C’est comme mettre en mouvement un énorme volant de plusieurs tonnes. Au début, malgré un effort très intense, le volant va bouger de manière presque imperceptible. En continuant à fournir cet effort, au bout de quelques heures, le volant aura fait un tour complet. En continuant l’effort de la même manière et avec la même intensité, le deuxième tour prendra moins de temps, et le troisième sera encore plus rapide.
Peu à peu, le volant va acquérir de plus en plus de vitesse, jusqu’au point où l’inertie va s’enclencher, et le poids du volant va faciliter le mouvement, plutôt que l’empêcher.
Il sera alors plus simple maintenir la vitesse, à condition d’appliquer une force homogène et toujours dans la même direction.
C’est exactement la même chose avec la recherche de l’excellence. Lors de la phase de développement, la difficulté vient principalement du fait que le manque de résultats visibles risque d’amener des doutes et des baisses de motivation.
Et ensuite, lors de la phase de percée, le risque est de se disperser sur d’autres facteurs plutôt que de rester focalisés sur le concept du hérisson.
Voilà, tu connais désormais les 6 concepts essentiels pour atteindre l’excellence, d’après le livre « De la performance à l’excellence », de Jim Collins.
Il ne s’agit pas d’une simple recherche de « toujours plus ». C’est une manière d’apporter une contribution positive au monde, et de retrouver un sens profond à son propre travail.
C’est en mettant en place des personnes disciplinées, puis une pensée disciplinée et finalement une action disciplinée, que, avec le temps et la patience, tu pourras passer de résultats plutôt moyens, à des résultats exceptionnels.
Si tu souhaites comprendre encore davantage les mécanismes à la base de l’excellence, je t’invite à lire l’article dédié au livre La Zone de Génie de Gay Hendricks.
Et toi ? De quels ingrédients vers l’excellence tu disposes déjà ?
Et sur lesquels, au contraire, tu souhaites te focaliser pour améliorer tes résultats personnels ou ceux de ton entreprise ?
N’hésite pas à partager ton expérience et tes réflexions à l’ensemble de la communauté Mind Parachutes en laissant un commentaire !!
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