Cela t’arrive de passer des heures et des heures sur ton téléphone, ou les réseaux sociaux, sans t’en rendre compte ? Ou de le reprocher à des membres de ta famille ?

As-tu l’impression que, malgré tous tes efforts, ton attention ne fait que sauter d’un sujet à l’autre, complètement hors de contrôle, sans te permettre de réellement te focaliser sur un sujet ?

Tout d’abord, sache que dans cette bataille quotidienne pour éviter les distractions, tu n’es pas seul.

On pourrait dire que nous sommes devant une épidémie mondiale de concentration.

Ce n’est pas de ta faute : tu n’es pas cassé, ou juste incapable de maintenir la concentration au-delà de quelques minutes.

Ce déficit d’attention a des racines bien plus profondes que les capacités d’un individu.

Il y a des forces systémiques qui sont à l’œuvre, et qui jouent contre ta volonté, et ton envie d’éviter la distraction.

Et cela va bien au-delà de l’effet pourtant majeur du téléphone portable et des réseaux sociaux.

Envie de comprendre, finalement, qui a volé ton attention, et surtout, de comment la récupérer ?


L’attention volée de Johann Hari

Quand ce n’est pas nous qui sommes complétement absorbés par nos écrans, cela nous arrive de rester complétement sidérés par la relation que les gens ont avec leur téléphone. En queue au supermarché, dans le métro, parfois même lors des réunions de travail : tout le monde a les yeux rivés sur son portable.

Cette véritable addiction impacte très fortement une des ressources les plus précieuses dont nous disposons : notre attention ! Mais comme l’explique clairement Johann Hari dans son livre « L’attention volée », donner la faute de nos distractions et notre difficulté à nous concentrer uniquement aux smartphones et à Internet, n’est qu’une vision très simpliste.

Bien sûr, les nouvelles technologies ont aggravé l’épidémie d’attention à laquelle nous sommes tous confrontés. Mais les forces qui sont en jeu sont beaucoup plus profondes, et bien plus anciennes. Les comprendre est indispensable pour identifier les bonnes solutions, à l’échelle individuelle et en tant que société.

Voici 4 des causes principales qui font qu’il est toujours plus difficile de rester concentrés.

1. La surcharge d’information

Les chercheurs ont mesuré que depuis plus d’un siècle, bien avant l’arrivée d’Internet et des réseaux sociaux, la quantité d’information à laquelle nous sommes exposés chaque jour connaît une accélération constante.

A titre d’exemple, l’information diffusé chaque jour vers une personne moyenne en 1986, en additionnant télé, radio, et presse, était l’équivalent de 40 quotidiens. En 2007, cela était multiplié par plus de 4.


Depuis, avec l’explosion d’internet et des réseaux sociaux, la tendance n’a fait que s’accélérer.

Recevoir, absorber et digérer autant d’informations demande du temps, de l’énergie et de l’attention. C’est épuisant.

Toutes ces sollicitations sont bien supérieures à nos capacités cognitives, et notre cerveau rentre dans une surcharge cognitive. Les sollicitations ont des origines multiples : emails, notifications, demandes de collègues. En moyenne, pendant notre travail, nous sommes distraits une fois tous les 3 minutes.

Nous perdons notre capacité à rester focalisés sur un seul sujet pendant des périodes de temps prolongées, et nous ne faisons que sauter d’un sujet à l’autre.

Notre créativité, notre capacité d’apprentissage et d’approfondissement sont fortement impactées par cette surcharge.

Afin de protéger notre cerveau, et faciliter l’attention, nous avons besoin de filtrer l’information en amont.

Une bonne technique pour cela est le pré-engagement.

Cela implique de décider à l’avance les sources d’information auxquelles nous souhaitons être exposés, ainsi que les plages de temps pour y accéder.

Idéalement, nous favorisons celles qui limitent les sollicitations et les distractions, comme par exemple la lecture du quotidien papier, plutôt que sa version en ligne.

Pour protéger notre attention, nous avons ensuite intérêt à créer des barrières solides qui nous empêchent tout simplement d’accéder à des nouvelles informations en dehors de ces sources et de ces plages horaires.

2. La fatigue physique et mentale

Un autre élément qui impacte très négativement notre capacité d’attention, est le manque de sommeil. L’effet du manque de sommeil sur nos capacités intellectuelles est comparable à celui de l’alcool.

La durée moyenne de sommeil s’est réduite de plus d’une heure par nuit en moins d’un siècle. 40% des Américains sont en manque chronique de sommeil, seulement 15% des gens affirment se réveiller reposé le matin, et environ une personne sur 4 dort moins de 5 heures par nuit.

Pendant le sommeil, notre cerveau procède à un nettoyage des déchets qui se sont cumulés pendant la journée. Cette opération ne peut pas se réaliser pendant que nous sommes réveillés, et sans suffisamment de sommeil, ces déchets se cumulent, et nous empêchent de nous concentrer.

Le manque de sommeil, d’ailleurs, n’impacte pas uniquement nos capacités cognitives. D’autres effets négatifs sont visibles sur notre santé, comme des problèmes cardio-vasculaires, l’obésité, ou des troubles de l’humeur.

La manière dont nous avons appris à pallier cette fatigue chronique, par exemple à travers la caféine, ne fait en réalité que cacher le problème. Ces stimulants ne nous donnent pas plus d’énergie : ils se limitent à bloquer les récepteurs qui signalent à notre corps que nous sommes fatigués.

Ce qui nous laisse doublement épuisés une fois que leur effet s’estompe.

Un des facteurs qui impacte le plus notre rythme de veille et de sommeil est l’exposition à la lumière artificielle. C’est la raison pour laquelle, après une journée intense et la fatigue cumulée, nous avons l’impression de ne pas être fatigués le soir, et nous traînons devant la télé ou le téléphone jusqu’à tard.

Pour préserver notre attention, une bonne pratique est de définir les horaires de se coucher et de se lever pour avoir à minima 7 ou 8 heures de sommeil par jour, et d’éviter les écrans deux heures avant de nous coucher.

3. La technologie et l’économie de l’attention

Les deux grands coupables désignés de notre distraction pérenne, toujours pointés du doigts, sont notre téléphone et les applications de réseaux sociaux.

Nous croyons que si nous avons du mal à éviter ces distractions, c’est à cause d’une faiblesse de caractère, d’un défaut de notre part.

En réalité, il ne faut pas s’étonner si l’utilisation de ces outils technologiques est aussi addictive. Des équipes entières des meilleurs designers et ingénieurs du monde travaillent pour nous inciter à passer le plus de temps possible sur leur application.

La raison est simple : leur business model, leur manière de faire des profits, est directement lié au temps d’utilisation de leur service. Plus de temps nous passons sur une application, plus nous sommes susceptibles de recevoir de la publicité.

Mais aussi, voir surtout, plus nous interagissons avec le contenu proposé, plus la société qui développe l’application en apprend sur nous et sur nos préférences. Notre profilage devient de plus en plus pertinent, et donc leurs suggestions plus persuasives pour nous pousser à l’achat.

On pourrait définir ce business model comme un capitalisme de surveillance.

Et il n’est pas excessif de définir l’exploitation des mécanismes de notre cerveau de la part de ces services comme de la manipulation.

L’optimisation des algorithmes de recommandations pour nous garder le plus longtemps possibles accros aux applis et aux réseaux sociaux n’a pas comme seul effet négatif celui de nous faire perdre du temps et nous voler l’attention.

D’autre effets secondaires sont observés, comme la polarisation vers des messages plus divisifs et extrêmes.

Des solutions individuelles, comme des périodes de digital détox, changer la configuration de notre téléphone pour éliminer les notifications distrayantes, ou installer des logiciels qui empêchent l’accès à internet ou à certaines applications sur des durées prédéfinies peuvent nous aider à protéger notre attention.

Mais l’approche individuelle reste forcément limitée. Des solutions à l’échelle collectives sont nécessaires pour mitiger l’influence de ce facteur sur notre capacité de concentration.

4. Le stress et le mode de vie moderne

Lors du premier sondage scientifique pour comprendre les problèmes d’attention, conduit en 2020, le téléphone n’arrivait qu’à la quatrième place, juste après le manque de sommeil, ou un changement dans les circonstances de vie, comme l’arrivé d’un enfant ou le vieillissement.

La première place du classement était occupée par le stress.

Quand nous avons l’impression que notre sécurité est menacée, notre réaction physiologique est de rentrer dans un état d’hyper-vigilance.

Au lieu de se concentrer sur un seul sujet, notre cerveau continue à scanner l’environnement à la recherche de potentiels dangers, afin de réagir au plus vite et se protéger.

Pour maintenir l’attention, nous avons besoin de nous sentir en sécurité.

Même si les statistiques montrent une baisse significative de la violence dans la plupart des pays depuis un siècle, ce n’est pas le message que nous recevons quotidiennement de la part des médias.
D’autres challenges à l’échelle planétaire, comme le changement climatique et les crises financières, contribuent à cette sensation de danger.

Mais probablement la plus grande source de stress dans le mode de vie moderne est l’activité professionnelle. Le temps de travail s’est allongé d’une heure par jour en moyenne sur 50 ans. Cela est l’équivalent d’un mois supplémentaire de travail par an, pour un emploi à temps plein.

Toute cette charge de travail n’est pas soutenable, et les effets négatifs sur la distraction et la productivité deviennent visibles. Des statistiques montrent que le temps de travail réellement productif est de moins de 3 heures par jour.

Des expériences sociales pour adresser la problématique de la précarité et de la charge de travail, comme le revenu universel ou la semaine de travail de 4 jours, montrent des résultats encourageants.

Dans un domaine différent, la réponse serait évidente : si je veux gagner une compétition sportive, est-ce qu’avoir une équipe épuisée serait une bonne stratégie ?

Par contre, dans le monde du travail, une évolution culturelle doit encore intervenir.

L’attention et les enfants

Suite à la recherche de Johann Hari, la liste des causes systémiques qui impactent notre capacité de concentration continue, avec par exemple nos habitudes alimentaires, les agents polluants, ou encore la diminution du temps de lecture ou de réflexion.

S’il y a une catégorie qui est particulièrement impactée par ces changements d’environnement et par la baisse de la capacité à se concentrer, ce sont les enfants.

La fréquence des cas d’hyperactivité et de trouble de la concentration parmi les étudiants se sont multipliés par plus de 10 ces dernières décennies.

A nouveau, la recherche montre que cela n’est pas tellement lié à des éventuels défauts de la nouvelle génération. Mais plus à l’environnement dans lequel elle grandit.

Le système éducatif aussi nécessite des évolutions pour faciliter la concentration et l’apprentissage des élèves.

La nécessité d’actions collectives

Dans cette vidéo, j’ai fait le choix de me concentrer sur les aspects sur lesquels chacun de nous a un pouvoir d’action direct.

Mais Johann Hari est très clair sur le sujet : toute solution à l’échelle individuelle n’est qu’un pensement. Les forces à l’œuvre dans notre environnement sont tellement enracinées qu’espérer de les contrer par la bonne volonté de chaque personne est un défi perdu d’avance.

Comme pour le changement climatique, la situation dépasse largement ce qui est faisable à l’échelle de l’individu.

Il est nécessaire d’agir ensemble. D’exiger des nouvelles normes, des nouveaux paradigmes qui régissent la société au sens large.

Johann a identifié 3 domaines qui nécessitent d’une action collective pour un changement réellement en profondeur :

  • Interdire le capitalisme de surveillance, dont le business model consiste à proposer un service gratuit à l’utilisateur final, et en échange vendre de son profil et ses intérêts aux annonceurs publicitaires. De cette manière, le client redevient l’utilisateur final : l’entreprise qui offre le service remettra son intérêt au centre de ses décisions, et non pas celui des annonceurs, qui poussent pour garder les yeux collés sur les écrans pour plus de profit.
  • Promouvoir la semaine de travail de quatre jours : laisser aux travailleurs plus de temps pour se reposer et passer plus de temps de qualité en famille, aidera à baisser le niveau de fatigue et de stress, et retrouver la concentration. Si fait de la bonne manière, réduire le temps de travail n’impactera pas les résultats des entreprises : une meilleure attention va améliorer la productivité, et l’entreprise saura faire en 4 jours ce que normalement elle réalise en 5.
  • Faire évoluer le paradigme d’éducation des enfants, et limiter l’omniprésence des règles dictées par les adultes. Créer des espaces et du temps pour explorer et jouer librement, permettra aux enfants de cultiver leur curiosité et leur désir d’apprendre naturels.

Ces évolutions, ces changements, nécessitent la remise en question de systèmes aujourd’hui bien installé et qui s’opposent, de manière consciente ou inconsciente. Afin de faciliter la création d’un environnement favorable à l’attention, il est indispensable de s’organiser et adresser collectivement.

En tant qu’espèce humaine, nous faisons face aujourd’hui à des enjeux capitaux, le plus important étant probablement le changement climatique.

Pour trouver la solution à ces enjeux, nous avons besoin de toute notre capacité d’attention.

Voilà, tu connais désormais les raisons profondes derrière l’épidémie d’attention à laquelle nous sommes tous confrontés, d’après le livre « L’attention volée », de Johann Hari.

Avec quelques bonnes actions quotidiennes, nous pouvons lutter contre les distractions constantes, et reprendre le pouvoir sur notre attention.

Mais afin de résoudre les racines profondes du problème, l’action individuelle n’est pas suffisante. Des actions collectives et engagées seront nécessaires, pour demander et obtenir les changements systémiques nécessaires.

Si le sujet de l’attention retrouvé t’intéresse, je te conseille de lire l’article dédié au livre « Imperturbable » de Nir Eyal.


Et toi ? A quelles distractions es-tu le plus exposé ?

Quelles actions tu peux entreprendre pour protéger ton attention ?

N’hésite pas à partager ton expérience et tes réflexions à l’ensemble de la communauté Mind Parachutes en laissant un commentaire !!

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