Le MONDE va de pire en pire ? Ce que disent les CHIFFRES…
Nous vivons dans un monde difficile. Les problèmes à résoudre sont nombreux, de la lutte à la pauvreté à une meilleure éducation, de la guerre et la violence à la croissance démographique, des défis climatiques à la mortalité infantile. Si nous souhaitons résoudre ces défis à l’échelle planétaire, il y a beaucoup de travail à faire.
Pourtant, même si les choses à faire sont nombreuses et les défis sont de taille, le tableau n’est pas si noir que l’on a parfois l’impression. Quand on regarde les chiffres, on découvre qu’il y a beaucoup de choses qui sont en train de s’améliorer, et dans beaucoup de domaines les progrès sont notables.
Pour adresser ces défis, il est important d’avoir une vision factuelle de l’état du monde. Dans le cas contraire nous risquons de nous limiter aux impressions, et finissons par prendre des mauvaises décisions.
Parmi nos relations, il y en a une en particulier qui a beaucoup d’influence sur toutes les autres : la relation que nous avons avec nous-mêmes. Puisque nos choix et nos relations sont toujours entre nos mains, le bonheur l’est aussi. C’est aussi simple que ça. Mais ce n’est pas parce que c’est simple, que cela est facile.
J’ai pensé qu’il était intéressant de rédiger un article qui nous permet de retrouver un peu de perspective, et d’optimisme, sur le monde dans lequel nous vivons.
Mais sans forcément mettre des lunettes roses ou éviter de regarder les défis auxquels l’humanité est confrontée. L’idée est de partir d’une vision objective, des chiffres qui nous permettent de mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons. Dans son livre « Factfulness : pourquoi le monde va mieux que vous ne le pensez », le médecin et chercheur suédois Hans Rosling partage des statistiques sur des thèmes fondamentaux comme le niveau de richesse, la violence, l’éducation, la santé, la lutte contre les changements climatiques, avec l’intention de sortir de la vision toujours alarmiste avec laquelle ces sujets sont souvent abordés, afin de donner une vision plus objective.
Et il n’est pas rare que la vision objective soit beaucoup plus optimiste que nos instincts habituels. Pour l’auteur, mieux comprendre et mieux connaître l’état de ces enjeux est indispensable pour prendre les bonnes décisions.
Déjà parce que pour nombreux de ces défis, il y a déjà des solutions efficaces qui sont en train d’être déployées et qui portent des résultats. Dans ce cas, il faut éviter la tentation de changer d’approche : la direction prise est la bonne, tout au plus il faut voir comment avancer plus vite.
Mais aussi, parce que savoir que nous sommes en train d’avancer vers la résolution d’un grand enjeux pour l’humanité, peut renouveler notre motivation et notre conviction pour l’adresser, et peut donner un nouvel élan à nos actions à ce propos.
Le monde va mieux que ce que nous le pensons
Le livre a été publié en 2017, avant la pandémie mondiale liée au covid-19. Pour autant, cela ne change pas de beaucoup les conclusions de l’auteur !!
Si nous arrivons à une vision déformée et plus pessimiste des choses n’est pas seulement (et probablement pas surtout) à cause des médias et du ton catastrophiste utilisé pour aborder ces sujets. C’est aussi parce que nous avons des instincts qui nous poussent dans cette direction.
Cultiver une vision plus réaliste et plus optimiste nous permet de mieux comprendre le monde autour de nous, et de prendre par conséquent des meilleures décisions vis-à-vis de grands défis que nous devons aborder.
Allons voir ensemble quelques grandes tendances de manière factuelle, ainsi que certains préjugés qui nous amènent à faire fausse route sur ces sujets.
Le monde n’est plus divisé en deux…
Le problème souvent n’est pas tellement le fait que nous ignorons ces informations, mais surtout que nous abordons ces sujets avec des idées préconçues, qui nous amènent à des mauvaises conclusions et, pour cette même raison, à une mauvaise compréhension du monde.
Une des idées préconçues, surtout dans les Pays occidentaux, est de voir le monde divisé en 2 catégories : d’un côté les pays riches, caractérisés par une longue espérance de vie dans des familles de petite taille, de l’autre côté les pays pauvres, caractérisés par une espérance de vie plus courte dans des familles nombreuses.
Ces deux mesures (l’espérance de vie et le nombre d’enfants) sont des bons indicateurs à la fois des conditions de vie, de l’alimentation, de la mortalité infantile et du niveau économique, et elles offrent en plus l’avantage d’être facilement mesurables.
Une division du monde en deux groupes était peut-être correcte en 1965, avec effectivement d’un côté des pays industrialisés, principalement en Europe, en Amérique du Nord et le Japon, avec une espérance de vie autour de 70 ans et une moyenne de 2 à 3 enfants par femme, et de l’autre des Pays, surtout en Asie et en Afrique, caractérisés par une espérance de vie entre 45 et 60 ans, et une moyenne entre 6 et 8 enfants par femme.
Mais cette vision ne correspond plus à la réalité aujourd’hui, où tous les Pays ont désormais progressé dans l’espérance de vie et réduit les nombres d’enfants par femme. En 2019, pratiquement tous les pays du monde ont une espérance de vie supérieure à 70 ans, et dans une grande majorité de pays dans le monde la moyenne d’enfants par femme est autour de 2 à 3. Pour l’ensemble de la planète, la tendance est de rejoindre la partie en haut à gauche du schéma.
En 2019 la division du monde en 2 groupes n’a plus vraiment de sens. Et il est intéressant de réaliser à quel point ces différences n’existaient pas non plus il y a seulement 150 ans, en 1870, quand l’espérance de vie dans le monde était entre 25 et 40 ans, et la plupart des familles avaient entre 5 à 7 enfants, et il n’y avait pas des différences notables entre les différentes partie du monde.
Le progrès économique et technologique du siècle dernier a multiplié par 2 ou 3 l’espérance de vie à l’échelle mondiale, et les pays qui l’ont démarré plus tard que les autres sont en train de les rejoindre dans les mêmes ordres de grandeur.
Ce qui en plus est intéressant d’observer est que la taille d’une famille à l’échelle mondiale n’est pas tellement liée à des questions culturelles ou religieuses. Les évolutions observées sont les mêmes partout dans le monde : tant que le niveau de vie reste en dessous d’un certain seuil, et la mortalité infantile reste élevée, le nombre d’enfants par femme reste élevé.
L’amélioration de la mortalité infantile à l’échelle mondiale
Pendant des millénaires partout dans le monde on avait des taux de natalité autour de 6 enfants par femme, alors que la population mondiale restait pratiquement constante. Cela signifie que sur 6 enfants, seulement 2 arrivaient à l’âge adulte et créaient une nouvelle famille. Si on regarde les données, en 1870 environs un enfant sur 2 mourait avant l’âge de 5 ans, et cela dans toutes les géographies. En 1965, avec la progression du niveau de vie, dans les pays industrialisés le taux de mortalité pour les petits enfants était divisé par 10. Et en 2019, une nette amélioration est visible dans tous les Pays, et dans beaucoup de pays le taux de mortalité a été encore divisé par 10.
C’est clair que des différences significatives sont encore visibles entre les Pays selon le niveau de vie. Et ces différences sont insupportables, et demandent des actions fortes et rapides afin de réduire autant que possible les écarts dans n’importe quelle mesure : mortalité infantile, espérance de vie ou niveau de revenus.
Mais il est important d’observer que l’évolution, sur ces sujets et surtout dans les dernières décennies, va dans le bon sens. Cela signifie que les solutions qui sont appliquées pour résoudre ces problèmes sont les bonnes, que les actions mises en place portent des résultats. Il faut continuer à progresser, et si possible accélérer encore les choses.
La répartition des revenus dans le monde
Si on regarde la répartition de la population mondiale selon les différents niveaux de revenus, les derniers 150 ans ont connu une évolution similaire. L’auteur indique qu’une bonne catégorisation par revenu se fait autour de 4 niveaux : un premier niveau d’extrême pauvreté (un revenu inférieur à 2 dollars par jour), un deuxième niveau entre 2 et 8 dollars par jours, le troisième niveau entre 8 et 32 dollars par jour, et le quatrième niveau au delà.
Cette distinction comporte des vraies différences de niveau de vie. D’ailleurs, il y a plus d’écart de conditions de vie à l’intérieur du même pays, entre des familles qui vivent à des niveaux de revenus différents, que de différences entre familles même très distantes dans point de vue géographique mais qui se retrouvent dans le même niveau.
Si en 1870 environs 3/4 de la population mondiale vivait dans le 1er niveau, dans des conditions extrêmement précaires, et pratiquement personne dans le niveau plus élevé (0,5%). En 1965, c’était un peu moins de la moitié de la population mondiale qui vivait en dessous de 2$ par jour, et 5% de la population qui vivait dans le niveau 4.
En 2019, la proportion de la population mondiale qui vit en condition d’extrême pauvreté est passé à 10%, c’est à dire une diminution par 5 par rapport à il y a 50 ans. La grande majorité de la population mondiale (75% du total) vit dans les niveaux 2 et 3. Et 15% vit dans le niveau plus élevé, une amélioration x3 par rapport à il y a 50 ans.
Cela veut dire aussi qu’une grande partie des opportunités business dans les décennies à venir ne seront pas sur les marchés des pays Européens ou de l’Amérique du Nord. La plupart des nouveaux clients et des nouveaux besoins viendront dans les Pays d’Asie et d’Afrique, ce qui va encore alimenter la boucle vertueuse de développement économique pour ces Pays.
Eradiquer la pauvreté dans le monde
Bien sûr, cela signifie qu’il reste encore presque 800 millions de personnes dans le monde qui vivent en extrêmes pauvreté, ce qui fait 800 millions de pauvres de trop, et que les 5.5 milliards de personnes qui se trouvent entre le niveau 2 et 3 peuvent toujours espérer d’améliorer leurs conditions de vie.
Mais il serait aussi contreproductif de ne pas voir et valoriser le progrès qui a été fait en quelques décennies.
D’autant plus qu’il serait possible, en continuant les efforts, de continuer à améliorer les conditions de vie des habitants de la planète. Des projections des l’ONU indiquent que la proportion de la population dans le 1erniveau devrait encore se réduire de moitié d’ici 2050, et que désormais 65% de la population devrait se retrouver dans les niveaux de revenus 3 ou 4.
Education, infrastructures et autres mesures
Il y a beaucoup d’autres mesures qui indiquent des progrès très positifs dans le monde ces dernières décennies. C’est le cas par exemple des morts pour des désastres naturels, divisées par plus de 2 dans les derniers 100 ans, et des morts violentes.
C’est le cas aussi de l’éducation, où dans 100 pays sur les 130 au monde 85% ou plus des enfants terminent l’école primaire, avec des statistiques comparables entre l’Ouzbékistan, la Suède, la Malaisie, le Ruanda, les Etats Unis ou la Bolivie. Dans tous ces pays, la différence de scolarisation entre les femmes et les hommes se réduit considérablement, jusqu’à arriver à des pourcentage proches dans pratiquement tous les pays du monde.
C’est le cas aussi pour le développement d’infrastructures (comme l’électricité, les transports ou l’eau potable), et l’accès à des capacités de soins (des hôpitaux, aux médicaments, et à la vaccination).
Il reste encore beaucoup de travail !!
Cela n’empêche qu’il y a encore beaucoup à faire dans tous ces domaines. Il y a aussi des sujets pour lesquels les progrès ne sont pas encore visibles, et qui nécessitent de continuer les efforts pour trouver des solutions viables.
C’est le cas par exemple pour les émissions de CO2, et les conséquents effets sur les changements climatiques, ou encore les tensions et les conflits qui constituent l’élément le plus impactant pour le développement de meilleurs conditions de vie.
Mais même dans ces cas il est indispensable de baser sa compréhension des enjeux et de la situation sur des données fiables, précises, qui peuvent guider les actions à prendre et l’analyse des résultats obtenus. Et souvent, une vision factuelle du monde est plus confortable : étant moins dramatique et terrifiante que la vision catastrophique que nous en avons souvent, elle nous aide à prendre des actions plus réfléchies et innovantes.
Ce n’est pas parce que les choses ne vont pas encore suffisamment bien qu’il n’est pas utile de réaliser que, dans beaucoup de domaines, elles vont quand même mieux.
Voilà, vous connaissez maintenant quelques grandes tendances sur les grands problèmes qui touchent l’humanité, basés sur des chiffres et des statistiques objectives. Cela vous a permis de voir comment dans des nombreuses situations, à partir de la lutte à la pauvreté, de la violence, de l’éducation, les progrès faits par l’humanité ces dernières décennies sont significatifs.
Le monde va mieux de ce que nous le pensons, et le savoir nous permet de prendre des meilleures décisions afin de faire face à ces grands défis.
Je vous invite d’ailleurs à visiter le site www.gapminder.org qui vous permet de mettre à l’épreuve votre connaissance du monde, et d’observer de vous-mêmes l’évolutions de ces grandes statistiques dans les différents pays du monde.
Si ce sujet vous intéresse, je vous conseille de lire l’article dédié au livre « Réinventez-vous » de James Altucher, ou encore une des nombreuses présentations de Hans Rosling dans les conférences TED.
A très vite pour des nouvelles idées !!