đŸ’Ș S’EN SORTIR malgrĂ© tout : dĂ©velopper la RÉSILIENCE face aux traumatismes

La vie nous rĂ©serve rĂ©guliĂšrement des Ă©preuves, parfois difficiles Ă  dĂ©passer. Avoir grandi dans certains environnements familiaux, dans lesquels il a Ă©tĂ© difficile (voir impossible) de disposer d’attachement sĂ©curisants et dĂ©velopper les ressources Ă©motives et relationnelles qui facilitent la rĂ©silience, rend encore plus compliquĂ© de se confronter et dĂ©passer ces Ă©preuves.

Pourtant, il est toujours possible d’entreprendre des processus de rĂ©paration, de dĂ©velopper sa propre rĂ©silience, et de transformer la douleur dans un acte crĂ©atif. 

C’est ce qu’une longue liste d’artistes et professionnels comme Maria Callas, Georges Brassens, TolstoĂŻ ou Alfred Adler ont rĂ©ussi dans leur vie. MalgrĂ© une enfance privĂ©e d’affection, malgrĂ© des forts traumatismes, ils ont rĂ©ussi contre toute atteinte Ă  se transformer de vilains petits canards Ă  des cygnes majestueux.

Le livre « Les vilains petits canards Â», Ă©crit par le psychanalyste et neuropsychiatre Boris Cyrulnik, est une analyse psychologique de la rĂ©silience, de ce qui permet Ă  l’ĂȘtre humain de continuer un dĂ©veloppement sain malgrĂ© les chocs et les accidents de la vie.

La rĂ©silience, la capacitĂ© Ă  dĂ©passer des situations difficiles et anxiogĂšnes, commence trĂšs tĂŽt chez l’enfant. Parfois, le dĂ©veloppement de la personnalitĂ© est interrompu par un Ă©vĂ©nement douloureux.   Mais un traumatisme est aussi une occasion pour construire sa force et son caractĂšre, et finalement s’épanouir. 

Il faut deux souffrances pour faire un traumatisme. La premiĂšre est la souffrance de l’expĂ©rience directe, l’évĂ©nement douloureux lui-mĂȘme. Mais pour se transformer en traumatisme, cet Ă©vĂ©nement a besoin d’une deuxiĂšme souffrance, qui a comme origine la reprĂ©sentation qu’on se fait de cet Ă©vĂ©nement.
Cette reprĂ©sentation dĂ©pend de notre dialogue intĂ©rieur, de notre histoire personnelle, mais aussi de notre environnement. Les personnes qui nous entourent se feront aussi une reprĂ©sentation de cet Ă©vĂ©nement, et vont l’influencer par leur propre histoire, culture et dialogue intĂ©rieur.

L’environnement de notre enfance joue un rĂŽle important pour bĂątir les ressources personnelles que nous allons utiliser pour faire face Ă  la vie. Le tempĂ©rament de chaque enfant est le rĂ©sultat de la gĂ©nĂ©tique, mais aussi de l’environnement dans lequel il va grandir.

Par exemple, l’histoire et la narrative que les adultes ont sur l’enfant, ainsi que sur leur rîle en tant que parents, va beaucoup influencer les sentiments et les comportements qu’ils exprimeront vis-à-vis de l’enfant.

Cela va provoquer Ă  son tour une rĂ©action de la part de l’enfant, qui va Ă  nouveau alimenter la narrative familiale et les comportements des adultes. Dans des milieux sains, ce systĂšme met en Ɠuvre une boucle positive qui permet Ă  l’enfant de bien se dĂ©velopper.

Mais quand les sentiments et la narratives des adultes ne permettent pas de crĂ©er un environnement sĂ©curisant autour de l’enfant, ce processus peut aussi devenir une spirale nĂ©gative qui ne permet pas Ă  l’enfant de dĂ©velopper des ressources Ă©motives et relationnelles saines.

La plasticitĂ© des apprentissages lors de l’enfance est tellement forte que beaucoup de blessures et de traces neurologiques sont facilement rĂ©versibles, Ă  condition que l’environnement puisse changer pour le permettre.

En effet, c’est souvent le regard de l’adulte qui peut influencer nĂ©gativement le dĂ©veloppement de l’enfant. Contrairement Ă  la plasticitĂ© de l’enfant, l’adulte aura des apprentissages, des reprĂ©sentations et ses interactions avec l’enfant beaucoup plus rigides, et qui sont la consĂ©quence de son histoire personnelle et du cumul de toutes les expĂ©riences et les reprĂ©sentations prĂ©cĂ©dentes.

L’influence et le poids de son histoire personnelle commencent dĂšs les premiĂšres interactions avec l’enfant, voir mĂȘme dĂšs la grossesse. Par exemple, les enfants accouchĂ©s avec une cĂ©sarienne ont souvent des mouvements lents Ă  cause de l’anesthĂ©sie. Les parents, surpris par cette lenteur, commencent Ă  se construire une reprĂ©sentation d’un enfant calme, passif.

MĂȘme quand, au bout de 48 heures, les effets de l’anesthĂ©sie seront passĂ©s et le bĂ©bĂ© est redevenu vif, les parent persistent souvent Ă  rĂ©pondre Ă  la reprĂ©sentation qu’ils se sont faits (celle d’un bĂ©bĂ© lent), plutĂŽt qu’à la perception du moment, qui est en contradiction avec la reprĂ©sentation.

C’est aussi grĂące au regard et aux commentaires des autres adultes, qui n’ont pas en mĂ©moire les premiers heures du bĂ©bĂ©, qui permet aux parents de faire Ă©voluer leur perception grĂące Ă  des nouveaux points de vue.

Si lors des premiĂšres annĂ©es de vie la personnalitĂ© d’un enfant se construit principalement autour de l’univers des autres, avec l’apprentissage de la parole la rĂ©silience change d’univers. Elle va dĂ©sormais se construire dans son propre univers, dans l’histoire que chacun se raconte sur lui-mĂȘme.

La rĂ©silience n’est donc pas une qualitĂ© que l’on a ou pas la chance de possĂ©der, ou qui ne peut se dĂ©velopper qu’au moment de l’enfance. Il s’agit d’un processus que l’on peut entreprendre mĂȘme lorsque l’on a vĂ©cu un traumatisme.

ConnaĂźtre les Ă©lĂ©ments qui composent ce processus permettent de mieux l’engager. Il s’agit de l’acquisition de ressources internes, la signification que nous donnons aux expĂ©rience que nous vivons, ainsi que l’interaction avec les autres (aussi influencĂ©e par leur histoire et leur culture).

Si on a vĂ©cu des traumatismes soi-mĂȘme, ces Ă©lĂ©ments permettent de mieux gĂ©rer la souffrance, et Ă  la transformer dans quelque chose de positif. Et si on a la responsabilitĂ© d’autres enfants, nous pouvons mieux les accompagner pour rĂ©ussir les Ă©preuves de la vie.

La rĂ©silience porte sur 3 plans : 

  • L’acquisition de ressources internes tout au long de sa vie, en particulier lors de l’enfance, et qui nous permettent de rĂ©agir aux difficultĂ©s avec plus ou moins de facilitĂ©. Plus nous aurons accumulĂ© des ressources affectives et Ă©motives, mieux nous rĂ©ussirons Ă  faire face Ă  des coups durs. Plus nous aurons dĂ©veloppĂ© des attachements sĂ©curisants, dont le principal est constituĂ© par la mĂšre ou par la personne qui assure ce rĂŽle, plus nous seront confiants dans des situations nouvelles et potentiellement stressantes.
  • La signification que l’on donne Ă  ces difficultĂ©s : la blessure et la douleur vĂ©cues au moment des difficultĂ©s se transforment dans la mĂ©moire et la reprĂ©sentation que nous nous faisons de l’évĂ©nement vĂ©cu. C’est cette signification, plus que l’évĂ©nement lui-mĂȘme, qui peut avoir des effets dĂ©vastateurs, et qui gĂ©nĂšre le traumatisme. Les sentiments que l’on ressent vis-Ă -vis d’une expĂ©rience ou d’un souvenir sont toujours provoquĂ©s par une reprĂ©sentation.
  • La rencontre avec des affections, des paroles ou des activitĂ©s qui permettent de renouer la relation avec les autres, de rependre le dĂ©veloppement de sa personnalitĂ© endommagĂ© par le traumatisme.

Ce dĂ©veloppement peut s’interrompre Ă  cause d’un Ă©vĂ©nement douloureux. Sans les ressources nĂ©cessaires pour dĂ©passer ces Ă©preuves, certains adultes trouvent des mĂ©canismes de dĂ©fenses qui permettent de rĂ©duire l’intensitĂ© de la douleur dans l’immĂ©diat, mais qui ne permet pas de rĂ©soudre le traumatisme.

  • Un de ces mĂ©canismes est le dĂ©ni, qui pousse Ă  ne pas reconnaĂźtre, envers les autres mais aussi envers soi-mĂȘme, la douleur que nous avons Ă©prouvĂ©e, et que nous prouvons toujours. Tant que le problĂšme est ignorĂ©, tant que nous n’avons pas rĂ©ussi Ă  lui donner une signification cohĂ©rente et une place dans notre histoire personnelle, il restera non rĂ©solu. Et la douleur ressentie ne fait que s’accumuler. 
  • Un autre mĂ©canisme est l’isolement : en s’enfermant sur soi-mĂȘme, on essaie de se protĂ©ger du risque d’agression des autres, agression que nous avons dĂ©jĂ  subie et qui nous fait beaucoup souffrir. Mais l’isolement des autres nous prive de l’aide extĂ©rieur dont nous pouvons avoir besoin pour reprendre notre processus de dĂ©veloppement. Parfois il suffit d’une seule personne qui nous inspire, qui nous fait sentir aimĂ© ou acceptĂ©, ou qui modifie la signification que nous donnons Ă  notre traumatisme, pour retrouver l’envie de reprendre notre dĂ©veloppement.
  • Un mĂ©canisme est aussi la fuite en avant, quand un individu Ă©vite de rester seul pour se distraire et ne pas ressentir la douleur. Cette approche aussi n’a de l’effet que dans l’immĂ©diat, sans permettre d’adresser le problĂšme Ă  la racine.

D’autres personnes qui ont vĂ©cu des traumatismes tout aussi intenses, arrivent malgrĂ© tout Ă  trouver une maniĂšre de continuer Ă  se construire. Elles arrivent Ă  transformer l’expĂ©rience douloureuse qu’elles ont vĂ©cue dans une vie pleine, rĂ©ussie

Un des moyens est de transformer son rĂ©cit intĂ©rieur non pas comme le rĂ©cit d’une victime, mais comme celui d’un hĂ©ro. L’histoire que notre entourage nous raconte a aussi un rĂŽle de premier plan dans cette interprĂ©tation. Si l’environnement nous prĂ©sente l’épreuve que nous avons passĂ© comme une victoire, nous Ă©prouverons de la fiertĂ©.

Pour devenir rĂ©silient, la difficultĂ© est nĂ©cessaire : c’est grĂące Ă  elle, Ă  cette expĂ©rience douloureuse, que nous pouvons dĂ©velopper un caractĂšre fort, une grande capacitĂ© Ă  supporter l’effort et la souffrance. Afin d’habiter encore plus le rĂŽle de l’hĂ©ros, nous pouvons ressentir aussi le dĂ©sir de s’occuper et d’aider les autres.

Cette force, qui permet aux rĂ©silients de surmonter les Ă©preuves, les rend parfois trop attentifs aux autres, avec en mĂȘme temps la peur de recevoir de l’amour. En se coupant des sources de plaisir et d’amour, et de l’aide des autres, cette rĂ©silience risque de se transformer avec le temps dans une bombe Ă  retardement.

La douleur et l’agressivitĂ© cumulĂ©es risquent d’exploser Ă  des moments inattendus, sans que les autres, ni parfois soi-mĂȘme, aient pu anticiper cette rĂ©action.

La souffrance peut aussi ĂȘtre gĂ©rĂ©e par la crĂ©ativitĂ©. Il devient alors possible exprimer l’indicible aux moyens d’une expression artistique. Le traumatisme se transforme alors en Ă©lan crĂ©atif. Dans ce cas, une blessure peut mĂȘme constituer un acte fondateur, l’instant de la mĂ©tamorphose de vilain petit canard Ă  un cygne merveilleux.

Tous les enfants utilisent la crĂ©ation par l’écriture, le dessin ou le mouvement pour maĂźtriser leur environnement et pour le faire Ă©voluer.

Dans ce sens, l’enfant ou Ă  l’adulte blessĂ© sont contraints Ă  la crĂ©ativitĂ©, au besoin d’inventer un nouveau monde qui permet de changer celui qui fait souffrir. Cela ne veut pas dire que tous les crĂ©ateurs sont contraints Ă  la souffrance.

Le processus de crĂ©ation permet Ă  un individu blessĂ© de transformer ses blessures dans une Ɠuvre originale, dont il est acteur, et Ă©ventuellement de venir Ă  l’aide des autres. Pour que cette mĂ©tamorphose du traumatisme Ă  la crĂ©ation puisse avoir lieu, une relation aux autres est nĂ©cessaire.

Tant que cet individu restera isolĂ©, l’évĂ©nement douloureux restera prisonnier de sa mĂ©moire, et son histoire personnelle tournera en boucle autour de cet Ă©vĂ©nement.

Par contre, dĂšs que cet individu aura accĂšs Ă  la parole, le crayon ou tout moyen d’expression de sa crĂ©ativitĂ©, l’attention sera focalisĂ©e non pas sur sa souffrance, mais sur l’objet de crĂ©ation lui mĂȘme.

Cet acte de création permet de maßtriser la représentation du traumatisme, et de le transformer en cygne.

La mĂ©taphore utilisĂ©e par Boris Cyrulnik est celle d’un tricot de rĂ©silience. Une blessure et un choc grave laissent une trace sur le maillage du tricot. Il est tout Ă  fait possible de rĂ©parer le maillage autour de cette trace Ă©motionnelle, mĂȘme de le rendre encore plus beau et plus fort, mais le processus n’est pas rĂ©versible.

VoilĂ , vous connaissez dĂ©sormais les Ă©lĂ©ments fondateurs de la rĂ©silience et du tempĂ©rament (les ressources Ă©motives et relationnelles, la narrative personnelle et la rencontre avec les autres), ainsi que des formes de transformation positive d’une souffrance dans un caractĂšre fort, qui aide les autres, et qui exprime de la crĂ©ativitĂ©, d’aprĂšs le livre « Les vilains petits canards Â» de Boris Cyrulnik.

Si le sujet vous intĂ©resse, je vous conseille de voir la vidĂ©o dĂ©diĂ©e au livre « Retrouver le sens de la vie Â», de Victor Frankl, ou encore celle dĂ©diĂ©e au livre « L’obstacle est le chemin Â» de Ryan Holiday.

A trĂšs vite pour des nouvelles idĂ©es !!


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