Faire face au changement : Qui a piqué mon fromage ? de S. Johnson

Qui a piqué mon fromage est une fable très courte sur le changement. Encore mieux : sur les réactions au changement.

 

Regardez l’animation :

 

Cette histoire a quatre personnages : 2 souris (Sniff et Vouf), et 2 nains (Hum et Ha). Les souris ont un petit cerveau, mais un très bon instinct. Les nains agissent et réfléchissent comme les Hommes.

 

Tous les jours, ils courent dans un labyrinthe à la recherche de fromage pour se nourrir.

Le fromage est une métaphore de ce que nous voulons posséder : un travail, une relation, l’argent, etcetera. Chacun a son fromage à lui, et le poursuit car il pense qu’il le rendra heureux.

Le labyrinthe représente l’endroit où nous passons du temps à rechercher ce que nous voulons (l’entreprise dans laquelle nous travaillons, ou notre réseau social).

 

Tous les matins, les 4 personnages enfilent leur chaussure de jogging et partent à la recherche de fromage.

Sniff et Vouf utilisent la stratégie très simple de l’essai-erreur. Ils courent dans un couloir et, s’il est vide, Sniff utilise son odorat pour identifier la bonne direction et Vouf se lance à la recherche. Cette méthode n’est pas très efficace, et les 2 souris se retrouvent souvent face à un mur.

Les nains profitent de leur capacité de réflexion et d’apprentissage, même si parfois leurs certitudes et leurs émotions prennent les dessus.

 

La grande réserve de fromage !

Un jour, les 4 personnages tombent sur la plus grande réserve de fromage qu’ils n’ont jamais vu : la disponibilité de fromage semble infinie !

Malgré cela, Sniff et Vouf gardent leurs habitudes : tous les jours ils se lèvent tôt et suivent le même itinéraire vers cette réserve. Une fois arrivés, ils mettent leurs chaussures autour du cou au cas où ils doivent repartir rapidement.

 

Hum et Ha, quant à eux, se sentent en sécurité et changent petit à petit leur routine : ils se lèvent chaque jour un peu plus tard, et ils arrivent à la réserve de plus en plus tranquillement. Une fois sur place, ils se mettent carrément des pantoufles.

Avec le temps, leur sécurité tourne en arrogance. Même s’ils ne savent pas d’ou vient le fromage, ils considèrent que c’est de leur droit : ils ont travaillé dur pour le trouver, et maintenant il pensent de le mériter. Ils finissent par s’installer à proximité de la salle, et oublient même où sont leurs chaussures.

 

Le changement inattendu…

Mais un jour, le fromage de la réserve finit. An arrivant de bonne heure, Sniff et Vouf ne sont pas trop surpris : depuis quelques temps les approvisionnements s’étaient réduits.

En suivant leur instinct, ils reprennent la recherche de nouveau fromage : en reniflant la direction à suivre, et en courant dans cette direction. Ils ne passent pas de temps à analyser la situation : le problème et la solution sont simples.

 

La réaction des nains, arrivés bien plus tard, est toute autre. Hum commence à crier : « Quoi ? pas de fromage ? pas de fromage ? qui a piqué mon fromage ? »

Ha reste complétement paralysé : il n’était pas préparé à cela. Il ne veut pas faire face au problème, il refuse tout échange.

Les deux vivent la situation comme une énorme injustice.

 

Pendant plusieurs jours, les nains reviennent au même endroit, et à chaque fois il n’y a pas de fromage. Hum est furieux parce qu’il considère que le fromage est de son droit : c’est pas lui le responsable de la situation, et quelqu’un lui doit bien une compensation !

Ha continue à ignorer le problème : il ferme les yeux et se bouche les oreilles. Peu à peu la faim et la frustration prennent le dessus, et les 2 nains se blâment mutuellement.

 

Entretemps, à un endroit jusque là inexploré, Sniff et Vouf ont trouvé ce qui recherchaient : une nouvelle réserve de fromage encore plus grande de la précédente !

 

Se remettre en mouvement

Un jour Ha décide de reprendre l’aventure dans le labyrinthe.

Il propose à Hum de le suivre, mais ce dernier lui répond : je ne veux pas abandonner cet endroit : je le connais et il est confortable. De plus, c’est dangereux à l’extérieur. Je suis trop vieux pour recommencer à chercher, et je ne veux pas me ridiculiser. Face à ces réponses, Ha se laisse vaincre par la peur et abandonne son projet.

 

Quelques jours plus tard, Ha réalise l’absurdité de la situation et commence à rire de lui-même: « ah, ah, ah : je fais et refais les mêmes choses et je me demande pourquoi rien ne change« . C’est ce qui lui fallait pour trouver le courage de partir pour de vrai.

 

Une fois retrouvées les chaussures, Ha se remet à explorer le labyrinthe. Il sent l’anxiété monter : et s’il n’y avait plus de fromage nulle part ? Même si elle est parfois salutaire et permet de se protéger, la peur peut aussi immobiliser si elle est en excès.

En souriant de lui-même, il continue dans ses explorations.

 

Les jours suivant il trouve un peu de fromage par ci-par là, rien de durable. C’est sûrement un défi, mais retourner dans le labyrinthe et chercher du fromage n’est pas si pénible.

Dans les moments difficiles, il se rappelle que la situation actuelle n’est pas pire que rester sans fromage : il contrôle la situation au lieu de la subir. Si Sniff et Vouf peuvent avancer, il le peut aussi!

Il se pose alors la question : « Que ferais-je si je n’avais pas peur? » Et il suit la réponse.

 

Une fois, après cette question, il se met à courir dans le couloir sombre, en souriant. A sa grande surprise, Ha s’amuse. Il comprend alors la raison : en dépassant sa peur, il se sent libre. Il prend maintenant plus de plaisir que jamais. Il avait oublié combien chercher du fromage est amusant.

 

Le refus du changement

Une fois, il trouve un peu plus de fromage et, après en avoir mangé un peu, il ramène des morceaux à Hum.

Son ami apprécie le geste, mais refuse : « Je ne veux pas de nouveau fromage. Je veux qu’on me rende MON fromage. Je ne bouge pas jusqu’à ce que j’obtienne ce que je veux.

 

Déçu de cette réaction, Ha repart seul et à contre-coeur. En partant, Ha pense comment ce dont on a peur n’est jamais aussi mauvais que ce qu’on imagine. La peur qu’on laisse grandir dans son esprit est pire que la situation réelle.

Il est plus sûr de chercher dans le labyrinthe que rester dans un endroit sans fromage.

 

Désormais, il réalise que le changement se produit sans cesse et de manière spontanée, que l’on veuille ou pas. Il peut surprendre si on ne s’y attend pas et si on ne le cherche pas.

Ses nouvelles croyances le poussent à de nouveaux comportements. Quand on change ses croyances, on modifie aussi sa manière d’agir.

 

Les leçons apprises !

Et un jour, Ha arrive dans la réserve de fromage où se trouvent Sniff et Vouf.

Il goûte un bout de fromage frais et exclame : « Vive le changement! »

 

Il repense alors à ce qu’il a appris ces derniers jours :

• il a pu changer dès qu’il avait rit de lui ; l’auto-ironie est le moyen plus rapide pour changer
• le comportement de Sniff et Vouf est aussi intéressant : ils vivent simplement, ils ne compliquent pas les choses. Quand la situation change et le fromage se déplace, eux aussi changent et se déplacent
• la plus grande résistance au changement réside en soi, et tant qu’on ne change pas, rien ne peut aller mieux.
• il y a toujours du fromage ailleurs, qu’on le reconnaisse ou non ; la récompense arrive en dépassant sa peur et en appréciant l’aventure.
• son ami Hum doit trouver sa voie, en dehors de sa zone de confort. Personne ne peut le faire pour lui, ni le convaincre.
• Il est plus prudent d’avoir conscience des choix réels que de s’isoler dans sa zone de confort.

Dorénavant, pour ne pas être surpris par un changement inattendu, Ha vérifie chaque jour le stock de fromage et explore des nouveaux lieux du labyrinthe.

 

Avec quel personnage vous reconnaissez-vous?

Quelle est votre manière de réagir au changement ?

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