Bien vivre : Quand la Conscience s’Eveille de Anthony de Mello

La plupart des gens, même si elles ne le savent pas, sont endormies. Elles sont nées en dormant, vivent en dormant, vieillissent en dormant, meurent en dormant.

Tel est le début du livre « Quand la conscience s’éveille » de Anthony de Mello, qui nous incite à nous réveiller, à voir la réalité telle quelle est, et en ce faisant, à retrouver la vraie liberté et le vrai bonheur.

 

Ce sont la société dans laquelle nous vivons, l’éducation dans laquelle nous avons grandi, qui nous ont endormi. Il l’ont fait en nous alimentant constamment avec des fausses croyances sur ce qui est important, sur ce qui nous permettra d’être heureux : le succès, la carrière, l’argent, nos relations avec telle ou telle personne.

Nous considérons ces choses importantes parce qu’elles sont valorisées par les autres. Nous passons nos journées alimentées par le désir d’atteindre des choses voulues par d’autres, et une fois que nous les avons atteintes, nous sommes alimentés par la peur de les perdre.

 

Cela nous mets dans une situation très fragile, de dépendance complète des autres. Quand notre comportement est approuvé ou encouragé par les personnes qui nous entourent, nous nous sentons bien. L’inverse arrive quand nos gestes sont critiqués : cela nous fait sentir mal.

 

Cette dépendance de l’approbation et du regard des autres ne s’appuie en réalité que sur des étiquettes, sur des définitions superficielles.

L’approbation sociale est un peu comme pousser un bouton d’ascenseur : je peux vous faire monter en vous faisant un compliment, et vous faire descendre avec une critique.

Si vous êtes prêt à vous sentir bien quand les gens vous font un compliment, vous êtes en train de vous préparer à vous sentir mal quand vous serez critiqué.

 

Tant que l’on vit pour satisfaire les attentes des autres, il faut accepter de faire attention à comment on est habillé, au métier que l’on fait, aux personnes que l’on fréquente.

Etre dépendant du miroir social correspond à abdiquer une grosse partie de notre liberté, de vivre la vie comme d’autres le souhaitent et non pas dans nos propres termes.

 

Le réveil

Ces illusions de bonheur et accomplissement nous tiennent endormis ; elles ne nous permettent pas d’être véritablement en contact avec la réalité.

Pour se réveiller, il suffit de s’observer, de s’observer vraiment.

Cela est très simple : lorsque vous vivez une situation, lorsque vous parlez avec quelqu’un, imaginez d’observer la scène comme si vous étiez en train de regarder un film, comme si vous étiez quelqu’un d’autre que celui qui parle ou qui agit.

 

Dans ce cas vous avez un « JE » qui observe et un « moi » qui agit.

L’illusion, l’endormissement, consiste dans le fait de s’identifier complétement avec le « moi ». C’est ce moi qui est prisonnier de la reconnaissance des autres, qui tient énormément aux étiquettes sociales de réussite et représentation.

 

Quand je dis par exemple « je suis un médecin », « je suis un parent », « je suis pauvre », je suis en train de décrire ma personne à travers des étiquettes qui sont à la fois temporaires et partielles.

Partielles parce qu’elles ne définissent qu’une petite partie de ma personne : ma personne est beaucoup plus importante et complète que mon métier, mon rôle familial, ma situation sociale.

Elles sont temporaires parce qu’elles désignent une situation de passage, qui pourrait changer sans pour autant comporter un changement profond de ma personne. Je pourrais changer de profession, changer mon état familial (me marier ou avoir des enfants) sans que mon esprit change tellement.

 

Si nous ne sommes pas ce « moi » partiel et temporaire, qu’est-ce que c’est ce « JE » qui nous représente ?

Anthony de Mello explique qu’il est impossible comprendre ce que c’est le JE, on peut uniquement le ressentir lorsque on prend de la distance avec le « moi ».

 

Les 4 étapes à suivre

Afin de se libérer des étiquettes et des illusions, l’auteur propose 4 étapes à réaliser dans l’ordre.

  • la première consiste à rentrer en contact avec les sentiments négatifs que nous avons en nous, et dont nous ne sommes pas conscients. Il est impossible de s’attaquer à un problème tant que nous ne l’avons pas identifié. Des exemples de sentiments négatifs peuvent être la mélancolie, la culpabilité, l’énervement, …
  • ensuite, il faut comprendre que ces sentiments existent uniquement à l’intérieur de nous-mêmes ; ils n’existent pas dans la réalité. Cela semble évident, mais des fois on l’oublie. En conséquence, cela ne sert à rien de vouloir changer les autres, de vouloir changer la réalité. Nous dissipons nos énergies et notre temps en voulant changer les conditions externes (son chef, ses amis, même son conjoint). Mais les sentiments négatifs sont à l’intérieur de nous ; il ne faut rien changer à l’extérieur pour les faire partir.
  • la 3ème étape consiste à ne pas s’identifier avec ces sentiments. Ils n’ont rien avoir avec votre « JE ». Ne définissez pas votre personne avec ces sentiments. Ne dites pas « je suis deprimé », « je suis stressé », « je suis énervé ». Dites plutôt : je ressens de la dépression, je ressens du stress. Ces sentiments existent maintenant, mais ils sont temporaires, tôt ou tard ils vont passer. C’est comme la météo : les nouages peuvent rester quelques jours, mais ils finissent par se dissiper, et le soleil revient.
  • et la dernière étape : comment changer les choses, comment changer soi-même ? Une personne endormie pense toujours qu’elle va se sentir mieux si quelqu’un d’autre change. C’est comme si, après une visite chez le médecin, il vous dit : « Bien, j’ai compris les symptômes de votre maladie ; je vais prescrire un traitement à votre voisin » et que vous répondez : « Merci, je me sens déjà beaucoup mieux ! ». Donc il faut changer soi-même ! Souvent on dit : « je vais bien parce que les choses vont bien » ; c’est faux ! Les choses vont bien parce que je vais bien.

 

L’auto-observation

Pour changer soi-même, la chose plus importante est l’auto-observation.

Il ne s’agit pas d’être perdu dans ses problèmes, d’être préoccupé de soi-même. Il s’agit juste d’observer tout ce qui arrive à l’intérieur de nous-même, et autour de nous, comme s’il arrivait à quelqu’un d’autre.

Cela signifie prendre de la distance avec les choses et les sentiments que nous traversons, et d’arrêter de nous identifier avec eux.

Cela passe à travers l’observation et la compréhension libres de tout jugement. Parce que tant que l’on juge quelque chose, il est impossible de le comprendre.

 

Ainsi, quand je vous écoute, il est plus important de m’observer que de vous observer. Sinon, je ne serais pas en mesure de vous entendre vraiment, je risque même de mal comprendre ce que vous dites, puisque je vais me mettre en relation avec vous en partant de mes conditionnements.

 

Il ne s’agit pas de faire des efforts ; il faut plutôt se discipliner, rester conscients de ce que l’on fait.

La plupart des gens ne vit pas une vie consciente, ils vivent une vie mécanique, avec des pensées, des émotions mécaniques.

 

L’instant présent

Et pour finir, comme déjà présenté dans la vidéo dédiée au livre « Le pouvoir du moment présent », il faut arrêter d’être prisonniers des souvenirs ou des remords du passé, ou de courir après la promesse illusoire d’accomplissement et de bonheur du futur.

Il faut nous focaliser sur le présent. Dans l’instant présent, nous avons tout ce qu’il faut x être heureux.

 

Il est impossible d’atteindre le bonheur pour la simple et bonne raison que nous l’avons déjà. Le bonheur est la condition naturelle de l’homme.

Pour le croire il suffit de regarder les enfants : ils ne sont pas encore contaminés par les attentes de la société ; ils sont naturellement heureux, ils n’ont pas besoin d’une raison particulière.

 

Pourquoi donc on ne ressent pas le bonheur si nous l’avons déjà ? C’est parce que il faut abandonner quelque chose : il faut abandonner les étiquettes et les illusions.

 

Comme le dit l’auteur, la vie est la chose qui nous arrive pendant que nous sommes pris par plein d’autres projets.

Le changement de soi peut être soudain ou très graduel. Il n’y a pas de règles. Mais tous ceux qui s’intéressent à la conscience voient des changements clairs au bout de quelques semaines. Ils réagissent moins et agissent plus. Ils ont plus d’énergie, ils sont plus vivants.

 

Et vous ? Est-ce que vous avez réussi à vous réveiller des illusions de la société? De quelles étiquettes vous trouvez le plus dur de vous séparer ?

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